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« L'Europe face aux menaces et aux incertitudes »

Intervention devant la Berlin Security Conference

Berlin - 30 novembre 2016

Mesdames, Messieurs,

C’est un grand plaisir d’être parmi vous. Permettez-moi de féliciter les organisateurs et de les remercier de m’avoir invité à ouvrir cette seconde journée avec Mme Betina Cadenbach.

Beaucoup l’ont rappelé hier. Nous, Européens, affrontons, dans un contexte de grande incertitude, des menaces extérieures et une crise intérieure. Je voudrais, avec vous, tenter de clarifier, autant que faire se peut, la situation actuelle, avant d’examiner quelques pistes possibles.

 

(I. Incertitudes)

Que l’incertitude soit une dimension essentielle de notre environnement stratégique et géopolitique, est désormais une évidence.

Tout a déjà été dit sur l’incertitude ouverte par l’élection de M. Donald Trump. La question essentielle reste de savoir si son action rendra le monde plus stable ou moins stable. Il ne me paraît pas utile de spéculer, avant d’en savoir plus sur ce que la future Administration américaine compte réellement mettre en œuvre en matière de politique étrangère. En revanche, il me paraît nécessaire de saisir l’opportunité de mieux définir ce que nous voulons nous-mêmes, en tant qu’Européens, concernant notre défense et notre sécurité.

 

La seconde incertitude concerne les effets du rejet de la globalisation, vécue par certains comme une « occidentalisation du monde ». Certains avaient prophétisé la fin de l’histoire, tant la démocratie et le marché semblaient avoir gagné sur toute autre forme d’organisation politico-économique des relations entre les hommes. Or la globalisation entraîne des réactions de rejet de tous ceux qui se sentent exclus de ce vaste mouvement ou qui souhaitent s’en exclure d’eux-mêmes, réactions qui vont du rejet identitaire ou communautaire jusqu’aux formes les plus violentes de la révolte. Peut-être assistons-nous ainsi à la fin de la fin de l’Histoire.

 

La troisième incertitude concerne la fragmentation du monde et la tectonique des puissances. Nos sociétés pacifiques sont aujourd’hui confrontées à un retour à des jeux de puissance sans savoir s’ils seront stabilisants ou si nous sommes partis dans une série de crises enchainées les unes aux autres par le jeu des interdépendances. 

 

La quatrième incertitude concerne l’Europe elle-même, qui s’est construite dans une aversion à la guerre, sur l’intégration économique et sur la culture du compromis. Elle a aboli la violence comme instrument de règlement des différends entre Etats et au sein des Etats, montrant ainsi l’exemple au reste du monde. Mais l’expérience des guerres balkaniques, la situation en Ukraine, la crise des migrants, ont démontré que cette force stabilisatrice peine à peser sur sa propre périphérie. Nous pensions que le modèle européen allait se diffuser vers l’extérieur. Au contraire, les menaces se rapprochent chaque jour davantage de nos frontières extérieures.

(II. Menaces)

Ces menaces sont de nature et d’intensité différentes. Et il est essentiel, pour y faire face, de bien nommer d’abord qui est l’ennemi.

La France, l’Allemagne mais aussi d’autres pays européens, ont subi depuis 2015 l’irruption d’un terrorisme à la fois archaïque et moderne. La France, en ce qui la concerne, a désormais un seul ennemi, l’islamisme djihadiste radical, aujourd’hui principalement incarné par Daech au Moyen Orient.

 

Daech subit actuellement de lourdes défaites militaires qui vont l’obliger à « muter » en des formes différentes. Nous verrons notamment si l’organisation, amenée à quitter Mossoul puis Raqqa, va se relocaliser ailleurs ou rentrer dans la clandestinité au cœur du chaos irako-syrien qui va perdurer ces prochaines années. En tout état de cause, le djihadisme radical va demeurer longtemps une menace essentielle.

 

Cependant, on aurait tort de penser que ce djihadisme est le seul phénomène susceptible d’engendrer des risques sérieux pour nos pays. Le contexte stratégique de l’Union européenne a changé. 

 

Et d’abord à l’Est, en Ukraine, une tension géopolitique grave est née de la violation des principes du droit international et de l’intégrité territoriale. En annexant illégalement la Crimée, en soutenant militairement les rebelles du Donbass, la Russie a remis en cause non seulement la souveraineté de l’Ukraine, et donc son intégrité, mais aussi les fondements de l’ordre de sécurité sur tout le continent. Et nous constatons avec inquiétude que la méfiance traditionnelle de la Russie à l’égard de l’OTAN, comme parfois de l’Union européenne, s’est muée, depuis deux ans, en une forme d’hostilité déclarée. 

 

Je pourrais évoquer, bien sûr, d’autres menaces plus lointaines, notamment du côté de la mer de Chine, de la Corée du Nord, du Moyen Orient, etc. Je me contenterai plus globalement de rappeler que les normes et les institutions sur lesquelles repose l’ordre international sont affaiblies par une contestation sans précédent. Les mécanismes de sécurité collective ne jouent plus suffisamment leur rôle de protection, comme c’est tragiquement le cas en Syrie. L’universalité des droits de l’Homme est remise en cause, les tendances populistes favorisent les dérives autoritaires, voire autocratiques, ainsi qu’une forme plébiscitaire de légitimité, laissant peu de place aux contre-pouvoirs. Elles promeuvent une conception absolue de la souveraineté. Les affrontements géopolitiques classiques ressurgissent, ils donnent parfois, à certains, l’illusion nostalgique d’une puissance retrouvée.

 

(III. L’Europe en crise)

Quant à l’Union Européenne, elle se trouve désormais confrontée à la remise en cause de sa propre cohésion interne, sous l’effet de la crise économique, de la fatigue des opinions vis-à-vis des ambitions intégratrices, et des menaces, dans la suite des crises migratoires, sur ce qui est l’une des manifestations les plus fortes de notre unité : Schengen et la libre circulation des personnes. 

 

Le vote du peuple britannique a, en outre, affaibli le postulat d’irréversibilité de la construction européenne et ouvert une période d'incertitude  sur la relation du Royaume-Uni avec l'Europe, mais aussi une interrogation sur l'effet, en retour, du choix britannique sur les équilibres internes de l'Union.

 

L’Europe vit une triple crise.

 

La première est une crise de l’espérance politique. L’Europe a fait rêver les peuples, d’abord en empêchant les guerres fratricides en son sein puis, avec l’élargissement, en amenant tous ses membres à la démocratie. La paix, la démocratie. La difficulté, c’est qu’elle ne parvient pas à rebondir sur une nouvelle espérance capable de mobiliser les peuples dans une nouvelle dynamique enthousiasmante. Et ses populations la vivent chaque jour davantage comme une bureaucratie normative que comme un projet transcendant partagé.

 

La seconde crise vient de ce que l’Union Européenne ne parvient plus à rassurer sa propre population. Après les souffrances liées à la crise financière et à la faiblesse de la croissance, il est clair que l’afflux de demandeurs d’asile provoqué par l’instabilité croissante aux frontières de l’Europe, mais aussi les actes terroristes commis sur son territoire, ou encore la multiplication des menaces globales, nourrissent, chez les citoyens européens, la demande que leurs Etats assurent leur obligation essentielle : assurer la sécurité, la stabilité et la préservation de leurs modes de vie. 

 

Nous vivons, depuis deux ans, le retour des murs et des barbelés. La crise des réfugiés a mis en lumière l’insuffisance de notre dispositif de contrôle de nos frontières extérieures, de la coopération avec nos partenaires et donc, globalement, une insuffisance des instruments de l’espace Schengen. Les pays européens en sont venus, les uns après les autres - et, en plus, dans le désordre -, à rétablir les frontières nationales et à mettre entre parenthèses la belle idée d’un espace européen à la fois uni et ouvert. 

 

La troisième crise vient de la relégation stratégique de l’Europe. Confiante dans sa puissance économique pour affronter la compétition de l’influence mondiale, l’Europe a négligé sa puissance militaire, se contentant largement de la protection de l’OTAN. D’une part, les pays membres portent des analyses différentes sur les menaces comme sur la nécessité ou non d’intervenir sur les théâtres d’opérations extérieures. Je pense notamment à la Syrie et au rôle de Bachar Al Assad. D’autre part, un effort d'équipement et de modernisation, une course aux armements se poursuit aux quatre coins du monde... sauf en Europe ! Ce regain d'intérêt de nombreux pays extérieurs pour la puissance militaire met notre continent en difficulté.

(IV. Que faire ?)

 

Devant tant de problèmes évoqués, que pouvons-nous faire collectivement ? Je me contenterai, bien entendu, de rappeler ici, avec toute l’humilité et la prudence nécessaires, quelques pistes.

 

(1) D’abord, faire preuve de réalisme. J’entends, par là, intégrer dans nos analyses et nos actions, le fait que dans un monde interdépendant, toutes les puissances deviennent, l’une pour l’autre, alliées sur certains dossiers et adversaires sur d’autres. Raison de plus pour ne pas se tromper dans nos choix stratégiques. Prenons l’exemple de la Russie, avec laquelle la balance est devenue négative. La Russie est en tension avec la France dès qu’il est question d’Ukraine et de Crimée même si nous apprécions la participation russe au processus de négociation de Minsk. Nous dénonçons vivement son attitude à Alep même si  pourrions coopérer pour lutter contre Daech, notre ennemi commun, si elle venait à le faire effectivement. Nous surveillons avec la plus extrême attention son programme balistique tout en ayant une excellente coopération spatiale civile, qui s’est traduite récemment par l’envol d’un spationaute français à bord d’une fusée russe. 

Je pourrais évoquer de la même manière l’ambivalence, cette fois avec une balance positive, des relations avec la Turquie, alliée de l’OTAN mais dont nous dénonçons les graves violations des droits de l’homme ; ou encore avec la Chine ou avec l’Arabie Saoudite. Et même avec notre allié majeur, les Etats Unis, indispensables à notre défense commune mais avec lesquels la relation n’est pas exempte de très fortes tensions dans les domaines économiques et financiers.

 

(2) À cause de cette ambivalence dans un monde qui redevient multipolaire, l’Union Européenne se doit de réaffirmer, fermement, sans concessions et en toute indépendance, ses objectifs et ses lignes rouges. C’est indispensable pour ne pas subir les violences du monde « au fil de l’eau », c’est-à-dire au fur et à mesure qu’elles surgissent. 

 

Et cela doit se faire aussi en réaffirmant, en permanence, qui nous sommes et quelles sont nos valeurs. De ce point de vue, à cause notamment du Brexit, sans doute avons-nous besoin de réfléchir à nouveau ensemble, à ce qui fait notre socle commun.

(3) Il nous faut ensuite, pardon de cette évidence, développer l’intégration européenne en matière de défense et de sécurité. Cette conférence en a beaucoup parlé hier et continuera de l’évoquer aujourd’hui. Je ne m’étendrai donc pas sur les suites à donner, par exemple, au Sommet de Bratislava ou aux innombrables coopérations déjà en place. 

 

Mais je voudrais juste souligner la nécessité de prendre aussi des initiatives européennes qui parlent aux populations - et notamment aux jeunes - dans le domaine de la défense et de la sécurité. En ces temps où les nationalismes refont surface au cœur même de l’Europe, valoriser un esprit de défense européen auprès des jeunes me paraitrait salutaire. Par exemple, la lutte contre les cyber menaces, si stratégique au niveau européen, pourrait représenter une opportunité en ce sens. Beaucoup a été dit ici sur l’étendue croissante des cyber menaces sur les particuliers, les entreprises et les gouvernements. Mais on voit aujourd’hui qu’elles peuvent influencer les processus démocratiques, voire fausser les élections Il est nécessaire de mobiliser les jeunes, les générations nées avec le numérique, sur de tels enjeux. 

 

(4) Enfin, il est indispensable de reprendre l’initiative à l’extérieur. C’est-à-dire

- d’abord, s’affirmer sans cesse comme une force de proposition. Je pense, par exemple, au besoin de redéfinir l’architecture de maîtrise des armements conventionnels en Europe, affaiblie ces derniers temps. L’initiative allemande peut y contribuer, et relancer une dynamique nécessaire à l’OSCE. Je pense aussi à notre capacité d’accompagnement dans la résolution des conflits ;

- ensuite, viser l’efficacité plutôt que la posture morale en se donnant les moyens d’accomplir les missions que nous nous sommes fixé à nous-mêmes (je pense, par exemple, à l’efficacité, rapportée à son objectif initial, de l’opération Sophia EUNAVFOR Med) ;

- enfin, accroître notre réactivité collective pour que l’Europe ne soit pas taxée systématiquement d’arriver trop tard et d’en faire trop peu.

C’est la force d’une conférence comme celle-ci d’examiner dans le détail, notamment à travers les multiples tables rondes et ateliers, toutes les possibilités d’action, et je m’en réjouis.

 

(Conclusion)

Mesdames et Messieurs,

 

Permettez-moi, pour finir, un mot plus personnel.

 

J’étais ici, à Berlin, début novembre 1989. Comme conseiller du ministre français des affaires étrangères, j’ai participé à l’intégralité du cycle de négociation « 2+4 » sur la réunification allemande ; j’ai assisté à la signature du traité de Moscou et quelques semaines plus tard, à l’enlèvement du Check Point Charlie.

 

J’ai toujours été convaincu depuis, et je reste convaincu, que l’Union Européenne dispose d’un potentiel stratégique considérable qu’elle fait mine d’ignorer elle-même. Et je suis, depuis toujours, de ceux qui regrettent qu’elle ne développe pas ce potentiel. Il me paraît hautement souhaitable qu’elle prenne enfin, d’elle-même, la décision de le faire. Elle risque fort, sinon, de devoir s’y résoudre sous la contrainte des événements, que ceux-ci résultent d’un nouvel isolationnisme américain, d’une menace russe redoublée à ses frontières ou d’une nouvelle géopolitique d’acteurs étatiques ou non étatiques attachés à détruire le message essentiel qu’elle porte au monde.

 

Je vous remercie./.

« Europe in the face of threats and uncertainties »

Remarks during the Berlin Security Conference

Berlin - november 30th, 2016

 

Ladies and gentlemen,

It is such a pleasure to be here with you today. I should first like to commend the organizers and thank them for inviting me to open this second day of meetings with Betina Cadenbach.

 

Many said the same yesterday. Against a backdrop of considerable uncertainty, we, Europeans, are facing external threats and an internal crisis. With you, I would like to attempt to explain, as clearly as possible, the current situation, before examining some ideas for action in the future.

 

(I. Uncertainties)

It is now clear that uncertainty is a key dimension in our strategic and geopolitical environment. 

Much has already been said about the uncertainty the election of Donald Trump has caused. The main question being asked is whether or not his action will make the world more stable or less so. I do not think there is any use in speculating before more is known on what course the future U.S. Administration actually plans to take in terms of its foreign policy. However, I believe it is important to take this opportunity to better define what we want, as Europeans, concerning our defence and our security.

The second uncertainty concerns the effects of the rejection of globalization, seen by some as a “Westernization of the world”. Some claimed that the end of history is near, since both democracy and the market economy seemed to triumph over other forms of political-economic structures for human relations. Yet all people who feel excluded from this vast movement or who have decided themselves not to take part reject globalization and their reactions range from turning inwards because of identity or community to more violent forms of revolt. Therefore we could be witnessing the end of the end of history.

 

The third uncertainty concerns the fragmentation of the world and the tectonic shift of powers. Our pacific societies are now facing the return to power games without knowing whether they will be stabilizing or whether we are headed towards a series of crises which are all interconnected due to the effects of interdependence. 

The fourth uncertainty concerns Europe itself, which has been built on the basis of aversion to war, economic integration and a culture of compromise. It abolished violence as an instrument for settling differences between States and within States, thereby setting an example for the rest of the world. But the Balkan wars, the situation in Ukraine and the migrant crisis have shown that this stabilizing force is now having trouble influencing its own neighboring countries. Threats from the other side of our external borders are moving closer every day.

(II. Threats)

The nature and intensity of the threats are wide ranging. And it is crucial to clearly identify the enemy before we can address them.

Since 2015, France, Germany but also other European countries have suffered an upsurge in terrorism that is both archaic and modern in form. When it comes to France, it now has one enemy, radical jihadist Islamism, mainly embodied by Daesh in the Middle East.

Daesh is currently suffering heavy military losses that are going to force it to “mutate” into different forms. We will also see if the organization, which is being forced out of Mosul and Raqqa, will relocate somewhere else or return underground at the heart of Iraqi-Syrian chaos that could continue over the coming years. 

 

However,we would be wrong to think that jihadism is the only problem that could pose serious risks to our countries. The strategic context of the European Union has changed. 

 

Starting with the East, in Ukraine, serious geopolitical tensions have arisen from the violation of the principles of international law and territorial integrity. In illegally annexing Crimea and providing military support to the rebels in Donbass region, Russia has not only challenged Ukraine’s sovereignty, and therefore its integrity, but it has also compromised the foundations of security all over the continent.

 

We have been noting with concern that Russia’s usual distrust with regard to NATO, and at times the European Union, has evolved over the past two years into open hostility. 

 

I could mention, of course, other more distant threats, for example on the coast of the China Sea, in North Korea and in the Middle East. However I will only more globally remind you that the standards and institutions on which world order is based have clearly been weakened by unprecedented protest. Collective security mechanisms no longer provide sufficient protection, as could tragically be seen in the case of Syria. The universality of human rights is being challenged. Populist trends foster authoritarian even autocratic excesses, as well as a plebiscite form of legitimacy, leaving little room for counter powers. They promote sovereignty as an absolute concept. Traditional geopolitical confrontations are resurfacing and at times give some people the nostalgic illusion of a power that has been regained.

 

(III. Europe in crisis)

With regard to the European Union, it is now faced with a challenging of its own internal cohesion because of the economic crisis, public opinion fatigue regarding inclusive ambitions, and threats in the wake of migration crises, which is one of the strongest signs of our unity: Schengen and the free movement of people. 

 

The British people’s vote, weakened, among other things, the premise of irreversibility of European integration and opened a period of uncertainty on the United Kingdom’s relationship with Europe, but also on the questioning of the effect of its choice on Europe's international balances.

 

Europe is experiencing three crises.

The first crisis is that of political hope. Europe has given people reason to dream, first by preventing fratricidal wars within its borders, then with the enlargement, by leading all of its members to democracy. Peace and democracy. The problem is that Europe is not able to bounce back on the basis of new hope that is able to rally its people around new exciting momentum. And its populations are increasingly seeing it as a standard bureaucracy rather than a shared over-arching project. 

 

The second crisis has emerged from the fact that the European Union has not been able to reassure its own population. After suffering from the financial crisis and weak growth, it is clear that the increase in asylum seekers caused by the growing instability of Europe’s borders, the terrorist attacks committed on its territory, and the rise in global threats are prompting European citizens to demand that their States fulfil their basic duty of ensuring security and stability and preserving their lifestyles. 

For two years, we have experienced the return of walls and barbed wire. The refugee crisis has highlighted the shortcomings in our external border control system, cooperation with our partners and therefore, in our Schengen Area instruments as a whole. European countries have, one after another - and what's more, in a haphazard way - , re-established national borders and have taken a break from the wonderful idea of a European area that is both united and open. 

 

The third crisis stems from Europe’s strategic relegation. Confident in its economic power to compete with global influence, Europe has ignored its military power, depending mainly on NATO’s protection. First, member countries have different opinions on the threats and on whether or not to intervene in external theatres of operations. I am thinking, for example, of Syria and the role of Bashar al-Assad. Second, efforts to equip and modernize and a weapons race can be seen all over the world, with the exception of Europe! This revived interest of many countries outside Europe in the military power factor has put our continent at a disadvantage.

 

(IV. What should be done?)

How can we collectively address all of these problems? I would like to provide, of course, - in all modestly and cautiously - a few ideas for action.

 

1) First, we must be realistic. I mean that in our analyses and our actions we need to consider the fact that in an interdependent world, all powers become allies to each other for specific issues and enemies for others. That is one more reason we should make the right strategic choices. Russia has tense relations with France when it comes to the Ukraine-Crimea issue. But we have appreciated Russia’s participation in the Minsk negotiation process. We have denounced in the strongest terms its attitude in Aleppo but could cooperate in fighting Daesh, our common enemy, if Russia were to do so effectively. We are also keeping a very close eye on its ballistic programme but our excellent civilian spatial cooperation has recently been reflected in a French astronaut’s aboard a Russian spacecraft. 

I could likewise mention our ambivalent relations with Turkey, an ally of NATO, but a country we have denounced for its serious violations of human rights; and even with China or with Saudi Arabia. And even with our main ally, the United States, which is essential to our common defence but with whom we have a relationship with its share of strong tensions in economic and financial areas.

 

2) Because of this ambivalence in a world that has become multipolar, the European Union must firmly reaffirm, without concessions and with complete independence, its objectives and its red lines. This is crucial so as not to become subject to violence in the world along the way. 

And this must also be done by constantly reaffirming who we are and what are values are. From this standpoint, mainly because of Brexit, we probably need to re-think our common core values together.

 

3) To state the obvious, we then need to develop European integration in the area of defence and security. At this conference yesterday much was said about this and much more will be said today. I will therefore not go into detail about how to follow up, for example, on the Bratislava Summit or the countless cooperation projects that are already being conducted. But I would just like to highlight the need to also take European initiatives to which people can relate - and especially young people - in the area of defence and security. At a time when nationalist movements are resurfacing at the very heart of Europe, I believe that promoting European defence to young people is an idea to be commended. For example, fighting cyber threats, very strategic at European level, could be an opportunity to do so.

 

4) Lastly, it is crucial to take initiative externally. That is to say:

- First, continually affirm ourselves as a driving force of proposals. I am thinking, for instance, of the need to redefine the architecture for conventional arms control in Europe, which has grown weaker recently. The German initiative can contribute to this and re-launch the necessary momentum in the OSCE. I am also thinking of our conflict resolution support capacity;

- Then, targeting effectiveness rather than a moral stance by giving ourselves the necessary means to accomplish the missions that we have set for ourselves (I am thinking, for instance, of the effectiveness of its initial objective of the operation Sophia EUNAVFOR Med);

- Lastly, increasing our collective responsiveness so as not to be systematically criticized for being too late or doing too little.

The strength of a conference like this one to examine all possibilities for action in detail, especially in the multiple round tables and workshops, and I am pleased about this.

 

(Conclusion)

Ladies and gentlemen,

Please allow me to end on a personal note.

I was here in Berlin in early November 1989. As an adviser to the French Minister of Foreign Affairs, I participated in the entire round of the 2+4 talks on the reunification of Germany. I attended the signing of the Treaty of Moscow and a few weeks later, the removal of Check Point Charlie.

I have remained convinced ever since that the European Union has considerable strategic potential that it has seemingly ignored. And I have always been one who has been sorry not to see Europe develop this potential. I think it is extremely important that the European Union finally decide for itself to do so. If not, it could very likely have to resolve this under pressure while events are unfolding, which could result in more American isolationism, an even bigger Russian threat at its borders or a new geopolitics of state and non-state actors intent on destroying the main message that it is sending to the world.

Thank you./.

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